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Une rentrée peu ordinaire pour des enfants aux besoins spéciaux


Photo royalty free sans besoin d’attribution - Photo by Pixabay from Pexels

Écoles, parents et enfants autistes ont dû faire équipe pour préparer cette rentrée des moins ordinaire.


La pandémie de la Covid-19 bouscule les habitudes des écoliers en cette rentrée scolaire peu ordinaire. Pour les enfants autistes, cette rentrée amène son lot de défis afin qu’on remédie à l’anxiété générée par cette pandémie.


Chez les enfants et adultes autistes, on retrouve une intolérance aux changements dans leur routine et un trouble anxieux y est souvent associé. Cette pandémie a rajouté de l’anxiété à ces enfants, mais aussi à leur famille.


Les écoles spécialisées accueillant des enfants autistes ont du faire en sorte que les changements dans l’environnement de leurs élèves se fassent graduellement afin que leur rentrée se passe dans les meilleures conditions possibles.


Marla Cable, coordinatrice du Centre de ressource et de formation à l’école À Pas de Géant, qui accueille des jeunes autistes de 4 à 21 ans, explique que les membres du personnel ont été étonnés que la rentrée se déroule aussi bien.


« Les élèves étaient tous heureux de retourner à l’école. On s’attendait à avoir une grosse augmentation de comportements [difficiles], mais ça a été le contraire, donc on était vraiment surpris », dit-elle.


Selon elle, la majorité des enfants n’a pas montré de comportement anxieux à la suite de la rentrée scolaire. Cette absence d’anxiété est le résultat d’une importante préparation des enfants et des parents faite par les écoles spécialisées.


« On a envoyé des outils visuels et des scénarios sociaux pour les préparer, les enseignants ont fait des Facetimes ou des Zooms avant que l’école commence pour montrer aux élèves de quoi a l’air l’école, comment les employés vont être habillés », dit-elle.


Mme Cable explique que l’école a dû fournir de la documentation aux employés, mettre en place beaucoup de réunions et embaucher une infirmière pour rassurer tout le monde afin que la rentrée se passe le mieux possible.


« La grande majorité de nos enfants ne comprennent pas nécessairement ce qui se passe […], mais on a une partie des élèves pour qui c’est difficile. » Elle explique que cela est dû à leur difficulté de compréhension causée par la déficience intellectuelle.


Par ailleurs, la pandémie a obligé cette école à interrompre son programme d’inclusion, qui vise à réintégrer des enfants autistes dans des écoles générales en leur permettant d’assister à des cours dans ces écoles deux jours par semaine. « Cela faisait trop de risque d’infection donc on a préféré garder tout le monde en sécurité », ajoute-t-elle.


Selon le directeur général de la Fédération québécoise de l’autisme, Luc Chulak, le retour à l’école pour les enfants autistes « a été un sujet assez chaud ». Il explique que l’information fournie par le gouvernement « était adressée à la population générale, mais que pour les personnes autistes, ça a été difficile d’obtenir de l’information, ce qui a amené beaucoup de pression, d’anxiété et de questionnements ».


« Pour un grand nombre de personnes autistes, il y a un degré d’anxiété supplémentaire notamment associé aux changements de leur routine », explique Luc Chulak.


« Une grande source d’anxiété pour les élèves était lorsqu’ils devaient être pris en charge par un nouvel intervenant à la suite de modifications des classes mises en place par le gouvernement », dit-il. En effet, comme pour le reste des écoles, une réduction du nombre d’élèves par classe a été demandée par le gouvernement.


Il explique que le port du masque et les exemptions qui seraient mises en place ont été une source d’anxiété et de questionnements supplémentaires pour les enfants et leurs familles. L’inquiétude des familles concernait aussi la continuité de l’accès au transport scolaire adapté et aux ressources spécialisées en cas d’une prolongation de l’enseignement à distance.


« Tout récemment, on a appris que des dérogations s’appliquent dans le milieu scolaire concernant le port du masque pour les élèves autistes », ajoute-t-il. Cette mesure permet notamment de contrer l’hypersensibilité sensorielle fréquemment retrouvée chez les personnes autistes pouvant engendrer une intolérance au port du masque.


Le port du masque ou d’une visière est cependant encouragé et certains parents ont dû éduquer leur enfant à porter un masque, explique Marla Cable.


Un des grands questionnements de la Fédération québécoise de l’autisme concerne la mise en place des ressources adaptées dans le cas d’une seconde vague du coronavirus. « De quelle manière ces enfants vont-ils pouvoir bénéficier d’un accompagnement aussi soutenu et de qualité? » demande son directeur général.


« Pour les familles de ces enfants, ceux-ci ont été un peu laissés à l’abandon pendant la première vague. Beaucoup de familles ont perdu leurs services, ce qui les a laissées avec tout le fardeau sur les épaules. Il ne faudrait pas que cette situation se reproduise, dit-il, pour éviter que les élèves autistes soient encore les victimes d’une réorganisation qui les a oubliés. »


L’intégration d’une activité sportive dans le cadre de cette rentrée scolaire représente un bon moyen pour les enfants autistes d’améliorer leur habileté à communiquer et à s'extérioriser, en plus de diminuer leur anxiété.


Ces enfants sont capables de pratiquer des sports tels que le karaté. Au travers de cette pratique, ils peuvent « diminuer leur niveau d’anxiété, développer leur confiance en soi, développer leurs habiletés sociales qui vont leur servir à l’école », explique André Langevin, président-fondateur d’Autisme Karaté et lui-même père d’un enfant autiste. Il explique aussi faire face à une grande demande pour ses cours de karaté et à un manque de locaux pour exercer sa pratique.


Grâce à l’investissement des écoles spécialisées et à la collaboration des familles, cette rentrée peu ordinaire a pu se passer dans les meilleures conditions possibles. Cependant, les risques associés à la pandémie de la Covid-19 risquent de bousculer cet équilibre encore fragile.


Beaucoup de travail reste à faire afin d’apporter le soutien nécessaire à ces enfants au cours de leur année scolaire.

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