Comme une Ferrari sans carburant
« Mes grands défis à l'université sont tous reliés à mon trouble du déficit de l'attention soit la désorganisation, et rester attentive au cours. En ce qui concerne la désorganisation, le problème a commencé à se poser en secondaire quatre parce qu'à ce moment-là, la charge de travail a commencé à significativement augmenter et il me fallait un moyen plus efficace que simplement ma tête pour me souvenir de ce que j'avais à faire. Ne sachant pas utiliser un agenda, cela est devenu de plus en plus problématique. Heureusement, j'ai pu compter sur le support de mon frère la première année du cégep, ce qui m'a permis de m'en sortir et d'appendre certaines astuces pour m'en sortir mais je suis restée en bonne partie désorganisée. Cependant, cela ne suffisait plus à l’université ce qui a eu des conséquences négatives sur ma première session. J'ai dû abandonné 4 cours sur 5 parce que j'ai échoué tous mes examens dû à une mauvaise gestion du temps d'études pour chacune des matières. J'ai, suite à cette semaine, acheté un cahier fait par l'université donnant des stratégies afin de mieux s'organiser et mieux étudier que je compte essayer cette session. En ce qui concerne la concentration en classe, en arrivant à l’université, je savais que je ne pouvais plus dessiner en classe parce que je ne pourrai plus m'en sortir sans écouter le cours. J'ai remarqué à quel point cela était difficile parce que même si j'aime la matière, la prise de note demeure difficile étant donné que je rêvasse et que je manque de l'information. Mais cela est surtout dû au fait qu'il m'est impossible de rester dans ma chaise à ne rien faire d’autre qu'écouter. Je suis une personne qui apprend mieux par l'expérience que juste en écoutant, donc les cours théoriques sont particulièrement pénibles. »
LE TROUBLE DE DÉFICIT D'ATTENTION (TDA/H)
Le trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est une maladie neurodéveloppementale, ce qui signifie qu’elle se manifeste généralement avant même l’entrée à l’école primaire. Ce trouble se caractérise par des problèmes d’attention et de concentration. Il peut y avoir également des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité. Le diagnostic est posé lorsque les symptômes sont manifestés pendant au moins six mois et jugés plus accentués que la normale. Le diagnostic est sur une base clinique (observation de comportements). Il n’y a pas de base biologique qui le confirme.
Ce déficit peut se diviser en trois grands sous-groupes selon le symptôme prédominant parmi les trois catégories-clés : inattention, hyperactivité et impulsivité.
Le TDA/H cause plusieurs problèmes sociaux, familiaux, professionnels et scolaires. Les enfants atteints ont souvent du mal à l’école, comme mentionné dans le témoignage ci-dessus, puisqu’ils ne peuvent maintenir leur concentration pendant des heures dans une salle de classe assis sans bouger. Ces élèves ont donc malheureusement souvent de la peine à avoir des bonnes notes, ce qui affecte leur milieu professionnel. L’hyperactivité et l’impulsivité sont des symptômes pouvant être problématiques dans les relations familiales ou sociales.
Causes
Plusieurs recherches sont en cours pour essayer de cerner les facteurs de risque pouvant amener à un TDA/H. Une composante biologique est probablement impliquée dans ce trouble puisque plusieurs atteints ont également un membre de leur famille manifestant le même trouble (frère/sœur, mère, père).
Certaines recherches montrent une différence dans les transporteurs de dopamine (neurotransmetteur essentiellement impliqué dans le sentiment de plaisir et de joie). Le TDA/H est lié à plusieurs pathologies dont les troubles de conduite, la dépression et les troubles anxieux.
Traitements
Plusieurs personnes atteintes de cette maladie prennent des médicaments qui sont généralement des psychostimulants. Ces derniers augmentent l’activation du système nerveux centrale afin d’améliorer leur concentration ce qui diminue les autres symptômes. Cependant, ce n’est pas le seul traitement existant. La psychothérapie individualisée est utilisée, ainsi qu’un encadrement scolaire spécialisé. Beaucoup de parents apprennent également certaines techniques éducatives spécifiques.
Le TDA/H est malheureusement un trouble qui se poursuit même à l’âge adulte. Cependant, les traitements médicaux et non-médicaux continus semblent être efficaces pour diminuer ces symptômes problématiques. Il est donc très bénéfique d’aller consulter un psychologue, un psychiatre ou tout autre professionnel, de la santé si on soupçonne qu’on souffre de TDA/H.
Prévalence
Les avancées scientifiques
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH, ou ADHD en anglais) est un trouble du comportement qui touche environ 5% des enfants et 2,5% des adultes dans le monde. Cependant, malgré la forte prévalence du TDAH, ses causes sont encore méconnues, et son traitement est au mieux symptomatique. De nombreuses recherches scientifiques ont eu lieu au cours des 15 dernières années afin d’élucider la physiopathologie du TDAH, et certaines d’entre elles sont arrivées à des conclusions intéressantes en ce qui concerne les anomalies neurologiques et métaboliques causées par le TDAH.
Pour commencer, le TDAH se caractérise par deux familles de symptômes : les symptômes d’inattention et les symptômes d’hyperactivité. Ces familles de symptômes sont utilisées pour définir trois types principaux de TDAH : le type inattentif, le type hyperactif-impulsif et le type mixte. D’une part, les patients de type inattentif présentent des symptômes d’inattention. Ceux-ci incluent des difficultés d’organisation, une faible résistance aux distractions et une difficulté à exécuter les tâches qui nécessitent un effort soutenu. D’autre part, les patients de type hyperactif-impulsif montrent des symptômes d’hyperactivité qui se caractérisent par une impatience, une impulsivité et une tendance à bouger dans des situations inappropriées. Finalement, les patients de type mixte ont une combinaison des deux types de symptômes.
Au niveau neurologique, le type inattentif est caractérisé par des anomalies au niveau du contrôle conscient de l’attention. Le type hyperactif-impulsif se définit par une inhabilité à contenir des commandes motrices lorsque celles-ci sont inappropriées. Une étude de l’épaisseur corticale a déterminé que la maturation du cortex est délayée chez des patients atteints du TDAH, comparé à la population normale1. Ce délai est particulièrement important dans les régions associées à l’attention et à la planification motrice. Ainsi, le TDAH semble résulter d’une altération fonctionnelle de ces régions, ce qui expliquerait les deux familles de symptômes observées chez les patients. Une conséquence un peu plus subtile de cette découverte est que la relation entre le TDAH et la maturation du cortex justifie sa prévalence disproportionnée chez les enfants et les jeunes adolescents.
Des études d’imagerie cérébrale ont cherché des anomalies chez les patients atteints du TDAH dans les régions du cerveau associées à l’attention. Ces régions incluent le cortex cingulaire antérieur dorsal (CCAd), le cortex préfrontal dorsolatéral (CPFDL), le cortex préfrontal ventrolatéral (CPFVL) et le striatum. Une définition conceptuelle de l’attention couramment utilisée dans la littérature du TDAH est l’aptitude à sélectionner une action2. Ainsi, la fonction cognitive de l’attention est associée à l’excitation sélective des neurones moteurs qui activent une action spécifique, généralement accompagnée d’une inhibition des neurones moteurs associés à tout autre action.
Les symptômes du type inattentif peuvent être expliqués, en grande partie, par une inaptitude à exercer un contrôle sur les mécanismes neurologiques de l’attention. L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a révélé que la fonction du CCAd est altérée, ce qui concorde avec cette première famille de symptômes3. Quant à eux, les symptômes du type hyperactif-impulsif démontrent une difficulté à contrôler ou à délayer l’initiation de certains mouvements. Une étude a démontré que l’exécution de tâches qui évaluent l’inhibition motrice est associée à une hypoactivité cérébrale dans des régions incluant le CCAd, le CPFDL et le CPFVL4.
Il semblerait donc que, dans tous les cas, la pathologie du TDAH est liée à des anomalies fonctionnelles du circuit de l’attention, qui se traduisent par des difficultés à sélectionner un plan d’action approprié. Il serait intéressant de comparer les caractéristiques neurologiques et comportementales des types inattentif, hyperactif-impulsif et mixte afin de voir s’il existe des différences anatomiques et fonctionnelles importantes entre ces groupes.
À suivre…
Pour davantage d'informations
https://aqnp.ca/documentation/developpemental/tdah/
https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/ServicesSociaux/INESSS_Portrait_TDAH_IMS.pdf
http://dopamine.fr/dopamine-naturelle.php
Bibliographie
1 Shaw, P., Eckstrand, K., Sharp, W., Blumenthal, J., Lerch, J. P., Greenstein, D., … Rapoport, J. L. (2007). Attention-deficit/hyperactivity disorder is characterized by a delay in cortical maturation. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 104(49), 19649–19654. http://doi.org.proxy3.library.mcgill.ca/10.1073/pnas.0707741104
2 Posner, M. I., Petersen, S. E. (1990). The attention system of the human brain. Annu Rev Neurosci, 13, 25–42. http://doi.org.proxy3.library.mcgill.ca/10.1146/annurev.ne.13.030190.000325
3 Bush, G. (2009). Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder and Attention Networks. Neuropsychopharmacology, 35, 278-300. doi:10.1038/npp.2009.120
4 Castellanos, F. X., Proal, E. (2012). Large-scale brain systems in ADHD: beyond the prefrontal–striatal model. Trends in cognitive sciences, 16(1), 17–26. https://doi.org/10.1016/j.tics.2011.11.007