Ne panique pas, prends une grande respiration
Le trouble panique est une maladie mentale qui se caractérise par des attaques récurrentes et inattendues survenant chez une personne qui a une appréhension, une peur ou bien une terreur vis-à-vis l’apparition de sensations physiologiques désagréables et angoissantes. Les troubles paniques peuvent être accompagné ou non d’une agoraphobie, soit une peur de se retrouver dans des endroits clos pouvant restreindre ses opportunités de fuir ou d’avoir de l’aide de la part d’une tierce personne. Dans l’ensemble, le trouble panique touche les personnes qui sont effrayées face à la survenue de symptômes physiologiques dont elles n’arrivent pas à empêcher l’apparition. Le simple fait de ressentir des symptômes similaires à des évènements antérieurs angoissants déclenche une terreur et éventuellement une attaque de panique. À l’encontre de certains mythes, les attaques de paniques peuvent apparaitre à n’importe quel moment de la journée sans nécessairement être associé à une raison spécifique ou un déclencheur quelconque. En effet, elles peuvent être expérimentées sur une base occasionnelle, mensuelle ou même annuelle tant le jour que durant le sommeil.
CAUSES
Comme beaucoup de troubles mentaux, les troubles paniques ne relèvent pas d’une cause unique. Au contraire, un ensemble de facteurs bio-psycho-sociaux sont à l’origine de ses attaques récurrentes et inattendues. Bien que la recherche actuelle tente de démystifier les raisons de cette maladie, le domaine scientifique n’a pas encore réussi à mettre la main sur une cause exacte pouvant aider les cliniciens à mieux diagnostiquer ce trouble. Survenant principalement entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte, les troubles panique débutent souvent lors de périodes stressantes, notamment lors de l’annonce d’une maladie grave, un accident ou bien la perte d’un proche cher, où la personne vit des sensations physiques pour gérer son angoisse face à la situation. A la suite de ce type d’événement, les gens associent souvent les sensations vécues à un stress négatif faisant qu’ils tendent à réagir fortement lorsqu’elles ressentent ces mêmes sensations dans d’autres contextes.
COMORBIDITÉ
D’après des recherches récentes, le trouble panique est souvent accompagné d’une panoplie d’autres troubles anxieux, notamment la phobie sociale (15-30%), le trouble obsessionnel-compulsif (8-10%), les phobies simples (10-20%) et puis le trouble d’anxiété généralisé (TAG) ( 25 %)
STATISTIQUES
« Au Canada, les taux de prévalence sur 12 mois et sur la vie sont de 1,6 % et de 3,7 %, respectivement.»
« Une personne dont un parent proche souffre d'un trouble panique court un risque de 10 % à 20 % plus élevé d'être dans la même situation»
« Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à souffrir de trouble panique, d’agoraphobie et de trouble anxieux. »
TRAITEMENTS
Le trouble panique est une maladie mentale qui peut être guérie si des mesures sont prises rapidement. Dans la majorité des cas, les cliniciens optent pour des méthodes qui incitent les personnes touchées à reprendre les reines et le contrôle sur leur propre vie sachant que l’évitement est souvent une porte de secours optée pour fuir toutes circonstances pouvant déclencher des sensations désagréables.
De plus, le traitement pour ce trouble tente de minimiser la fréquence et l’ampleur des attaques, et ce, en diminuant l’appréhension négative de la personne face à un évènement. Malgré qu’il existe actuellement un amalgame de traitements pour atténuer les symptômes, les recommandations suggèrent de jumeler l’approche pharmacologique avec l’approche cognitivo-comportementale. Par exemple, quelques méthodes populaires dans l’approche cognitivo-comportementale sont la psychoéducation, l’exposition aux sensations physiques, l’exposition graduée en imagination et in vivo, la respiration diaphragmatique ainsi que la correction cognitive. En ce qui concerne l’approche pharmacologique, des antidépresseurs peuvent être prescrits par un professionnel de la santé s’il l’estime nécessaire pour que le patient guérisse. Bref, informer la nature du trouble à la personne concernée peut être un soulagement grandiose.
RECHERCHES SCIENTIFIQUES
Souvent associé à d’autres troubles anxieux, le trouble panique est caractérisé par des attaques de paniques fréquentes et sévère. Contrairement au stress chronique souvent observé chez les patients anxieux, les attaques de paniques sont des événements de courte durée et imprévisibles qui peuvent exiger des interventions d’urgence.
Des affections des mécanismes de la peur, touchant des régions comme l’amygdale ou l’hypothalamus, englobent la majeure partie du spectre des troubles anxieux. Certaines affections peuvent déclencher un stress chronique ou causer de l’anxiété généralisée, tandis que d’autres engendrent des cascade biochimiques pouvant mener à des crises de paniques.
Selon une étude en recherche translationnelle, le trouble panique aurait pour origine une dysrégulation acido-basique. Plus précisément, l’acidose, c’est-à-dire une baisse de pH dans le sang, pourrait amorcer les crises de panique lorsqu’elle atteint des niveaux trop sévères. Dans des études cliniques, des crises de paniques peuvent notamment être induites lors de l’inhalation de CO2, qui est associée à une augmentation de l’acidité des voies respiratoires. De plus, lors de l’inhalation de CO2, les milieux intracellulaire et extracellulaire dans le cerveau subissent également une acidose. [1] Ces deux effets pourraient être à l’origine de la sensation de suffocation et la peur de mourir que les patients éprouvent lors de leur accès de panique.
Si l’inhalation de CO2 est bel et bien un événement déclencheur des crises de paniques, les gènes qui causent une hypersensitivité au CO2 pourraient augmenter le risque de développer un trouble panique. Puisque les antécédents familiaux ont tendance à augmenter le risque de développer un trouble panique, il est plus que probable que les facteurs génétiques en cause soient abondants. Parmi les candidats se trouvent une enzyme qui catalyse la production de sérotonine et un transporteur de sérotonine. Cela suggère que la transmission sérotoninergique contrôle la manière dont les signaux biochimiques liés à un déséquilibre acido-basique affectent les réactions de panique. [1]
Des neurones sérotoninergiques sont présents dans les noyaux du raphé. Au niveau du bulbe rachidien, ces noyaux sont importants pour contrôler la respiration, ainsi que d’autres fonctions physiologiques telles que le cycle du sommeil, la vigilance et la douleur. [1] Au niveau du pont et du mésencéphale, ils innervent l’ensemble du cerveau. La sérotonine pourrait contrôler la réponse cognitive et motrice lors de l’inhalation de CO2 en captant le signal biochimique provenant des voies respiratoires, puis en acheminant ce signal vers les aires frontales du cerveau.
Ainsi, une relation semble émerger entre l’inhalation de CO2, l’acidification subséquente des voies respiratoires et de l’encéphale, et la neurotransmission de sérotonine en réponse à ce signal. Il y donc au minimum trois facteurs qui peuvent modifier la fréquence et la sévérité des crises de panique : le niveau d’acidose au repos, le degré d’acidification en réponse à l’inhalation de CO2, et l’efficacité de la transmission à base de sérotonine en réponse au signal respiratoire.
L’identification des facteurs génétiques du trouble panique permet de cibler les familles ayant un risque accru de développer ces maladies. Toutefois, en raison de la nature imprévisible et spontanée des crises de panique, les options de traitement sont peu avantageuses. Les médicaments prescrits incluent les antidépresseurs, avec pour but de diminuer le niveau général d’anxiété et, conséquemment, la fréquence des attaques de panique. Toutefois, la littérature scientifique suggère que les crises de paniques ont leur propre cascade biochimique, avec l’acidose, le CO2 et la sérotonine. Les options actuelles peuvent apaiser les symptômes de certains patients, mais risquent d’être inefficaces pour d’autres. Mieux comprendre les mécanismes qui causent des crises de paniques en réponse à des anomalies de pH, et cibler les marqueurs biologiques qui y sont associés, seront les prochaines étapes en vue d’offrir un meilleur traitement.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Vollmer, LL, Strawn, JR, et Sah, R. Acid-base dysregulation and chemosensory mechanisms in panic disorder: a translational update. Transl Psychiatry (2015) 5, e572, doi:10.1038/tp.2015.
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