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Vite, vite ! Je dois sortir !


Il est debout dans le métro, sa main agrippée à la rampe pour éviter de perdre pied entre les divers soubresauts du wagon. Il part au travail, un mardi matin de février, tenant sa mallette de l’autre main. Il fait chaud. Il y a du monde, beaucoup de monde. C’est l’heure de pointe. Il peut sentir son coeur battre vite et fort contre sa poitrine. Pourtant, il se demande pourquoi, puisqu’il n’a pas couru pour prendre son train. Sous sa veste bleue et sa chemise blanche, il transpire. Il respire bruyamment, pas comme les autres autour de lui. Son souffle reste coincé dans sa gorge. Sa tête commence à tourner et il fait de plus en plus chaud. Que lui arrive-t-il ? Va-t-il s'évanouir ? Que ferait-il si personne n’était capable de l’aider ? Autour de lui, tous sont occupés à écouter leurs musiques ou à lire leurs bouquins. Plus que quelques stations pour arriver au travail. Dans une quinzaine de minutes, il sera au bureau, devant son ordinateur, à lire les dossiers qu’il doit traiter. C’est trop long 15 minutes. Il doit sortir. Maintenant.


C’est ce à quoi ressemble le quotidien d’une personne souffrant d’agoraphobie. D’origine grecque, le mot « agora » décrivait dans la Grèce antique la place publique où se réunissaient les citoyens. Quant au mot phobie, il décrit une peur angoissante et disproportionnée d’une situation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’agoraphobie n’est pas la peur de se retrouver dans un endroit public ou dans une foule. L’agoraphobie est avant tout la peur de vivre dans ces lieux un épisode d’attaque de panique, d’avoir peur de ne pas pouvoir s’échapper ou de ne pas recevoir l’aide nécessaire si on vit une situation aussi embarrassante qu’un évanouissement.


L’agoraphobie se distingue toutefois des phobies simples et bien circonscrites puisqu’elle se manifeste dans au moins deux situations différentes (transport en commun, espaces ouverts, endroit confiné, faire la queue ou être dans une foule et/ou se retrouver seul hors de son domicile). La personne souffrant d’agoraphobie cherche activement à éviter ces lieux ou ces situations, et elle cherche aussi constamment à être accompagnée. Sa peur ou son anxiété prend des proportions déraisonnables par rapport au danger réel que présente une situation. Typiquement, elle vit avec la peur, l'anxiété et l'évitement au quotidien, et cela depuis au moins six mois. ​​ Ces symptômes causent beaucoup de souffrance, et ils perturbent la vie sociale, professionnelle ou toute autre sphère de l’activité quotidienne. ​​Lorsqu’elle n’est pas traitée, l’agoraphobie risque de se développer davantage et de devenir très invalidante dans la vie de tous les jours. ​​​​La personne qui en souffre élabore des stratégies d'évitement, lesquelles augmentent progressivement et à tel point que la personne en vient à ne plus sortir de chez elle, et cela après avoir multiplié les retards et les absences au travail.

On estime que 1,5% de la population mondiale souffrirait d’agoraphobie. Les cohortes d'âges entre 35 et 49 ans, les femmes, les célibataires, les personnes ayant un bas niveau d’éducation et celles au chômage présentent un risque accru de souffrir d’agoraphobie. De plus, plusieurs maladies psychiatriques peuvent accompagner l’agoraphobie. Par exemple, 84,1% des personnes atteintes d’agoraphobie présentent également un ou des troubles anxieux, 28,3% ont un problème d’abus de substances, 30,1% ont des troubles du comportement et 59,6% ont des troubles de l’humeur.

Le traitement le plus souvent recommandé pour l'agoraphobie est une thérapie cognitive et comportementale combinée à une médication (exemple : les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou ISRS). La psychothérapie comprend la psychoéducation (discipline spécialisée en prévention et en intervention dans le domaine de l’inadaptation psychosociale), une exposition progressive aux stimuli proprioceptifs (sensibilité du système nerveux aux informations reçues des postures et des mouvements du corps) et aux situations anxiogènes, ainsi qu'un apprentissage de gestion des émotions lors d'une situation perçue comme menaçante. Quant à lui, le traitement pharmacologique aidera le patient à mieux répondre à la psychothérapie, et cela en contribuant au rééquilibre biochimique du cerveau. Pour la personne atteinte d’agorapĥobie, il est donc important de discuter de ses symptômes avec un médecin qui saura la diriger vers les ressources les mieux adaptées à ses besoins.





Références:

American Psychiatric Association (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). Washington, DC: American Psychiatric Press.

Faravelli, C., Cosci, F., Rotella, F., Faravelli, L., & Catena Dell'Osso, M. (2008). Agoraphobia between panic and phobias: clinical epidemiology from the Sesto Fiorentino Study. Comprehensive Psychiatry, 49(3), 283-287. doi: 10.1016/j.comppsych.2007.12.001

Greene, A., & Eaton, N. (2016). Panic disorder and agoraphobia: A direct comparison of their multivariate comorbidity patterns. Journal Of Affective Disorders, 190, 75-83. doi: 10.1016/j.jad.2015.09.060

Roest, A., Vries, Y., Lim, C., Wittchen, H., Stein, D., & Adamowski, T. et al. (2019). A comparison of DSM ‐5 and DSM ‐IV agoraphobia in the World Mental Health Surveys. Depression And Anxiety. doi: 10.1002/da.22885

Van Apeldoorn, F., Timmerman, M., Mersch, P., van Hout, W., Visser, S., van Dyck, R., & den Boer, J. (2010). A Randomized Trial of Cognitive-Behavioral Therapy or Selective Serotonin Reuptake Inhibitor or Both Combined for Panic Disorder With or Without Agoraphobia. The Journal Of Clinical Psychiatry, 71(05), 574-586. doi: 10.4088/jcp.08m04681blu






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