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Microbiome et santé mentale : une relation insoupçonnée ( dernière partie )


Image retrouvée sur : https://www.npr.org/sections/health-shots/2013/11/18/244526773/gut-bacteria-might-guide-the-workings-of-our-minds

Deuxième et dernière partie de l'article abordant la relation intrigante du microbiome et du système nerveux central. Neuropresse dévoile aujourd'hui la manière dont l'alimentation peut faire varier la composition de la flore intestinale et influencer l'état de santé mentale.

Les aliments riches en graisses animales (viande, charcuterie et produits laitiers) favorisent la prolifération de bactéries du genre Bacteroides et Firmicutes, qui augmentent le taux d’inflammation à la suite de leur activité métabolique. Cette inflammation engendre une perte de sensibilité du nerf vague (nerf crânien X). Ce dernier ne parvient plus à exercer ses fonctions, à savoir faire le pont entre les autres bactéries du microbiome et le cerveau et faire parvenir les signaux de satiété. Il s’ensuit une régulation de l’appétit amoindrie.

Privilégier des viandes dites « maigres », telles que le rumsteck, le lapin et le jambon dégraissé, et opter pour du lait écrémé et du fromage blanc à l’épicerie est ainsi recommandé, car ce sont des aliments moins riches en graisses. De cette manière, l’apport en protéines animales, en minéraux et en vitamines dont l’organisme a besoin est également comblé.

Les édulcorants, tels que l’aspartame, sont retrouvés dans les confitures, les boissons légères ou autres produits allégés. Ils sont à consommer avec modération, car ils induisent la prolifération de Bacteroides et de Clostridiales, dont l’activité métabolique engendre une résistance à l’insuline. Ce faisant, l’absorption des calories par le côlon est alors facilitée et les risques de diabète et d’obésité deviennent élevés. Quant aux émulsifiants, ils agissent de la même manière que les graisses animales, mais sont utilisés pour la fabrication du pain, du chocolat, de la crème glacée ou encore de la margarine.


Ceci illustre parfaitement le concept de relation bidirectionnelle mentionnée précédemment, car les émotions originaires du cerveau peuvent influencer le contenu intestinal, mais une modification de ce dernier peut également altérer le fonctionnement du SNC.


À l’inverse, ces influences peuvent s’avérer positives dans le cas où le changement des habitudes alimentaires permet l’apport de micro-organismes dits « avantageux » et par une suppression des bactéries « nocives » . Les fibres et les probiotiques sont utilisés à cet escient.

Les fibres présentes dans les fruits et légumes permettent aux bactéries de croître et d’apporter une diversité avantageuse à la flore intestinale. Les probiotiques naturels comprennent des aliments fermentés (kimchi, kombucha, choucroute) et des produits laitiers qui contiennent des micro-organismes vivants qui enrichissent le microbiome.

De ce fait, la prescription de probiotiques associée à la mise en place d’un régime sain et équilibré pourrait faire partie des approches thérapeutiques des psychiatres à ces fins.


Considérant qu’il est plus facile et sécuritaire de manipuler la flore intestinale que d’influencer le fonctionnement du cerveau lors d’études cliniques, ces avancées pourraient aider à traiter des troubles psychologiques chroniques (spectre de l’autisme, maladie de Parkinson, dépression, anxiété, etc.), en sus des maladies intestinales. Ceci est fortement encouragé, car il a été démontré que des individus atteints de ces troubles possèdent un microbiome altéré. Ainsi, l’ensemble de ces informations suggère que ces altérations sont impliquées dans ces troubles sans pour autant en être de facto la cause. En effet, le déséquilibre du microbiome peut également être la conséquence de la maladie.

Néanmoins, des études démontrent que la manipulation du microbiome (par exemple l’induction des bactéries à produire davantage de métabolites) améliore les conditions des personnes atteintes de ce type de troubles de manière non négligeable.


Cela dit, de nombreux aspects de ce fonctionnement demeurent un mystère et beaucoup de questions sont toujours en suspens quant à la manière dont l’ensemble de ce système est régi. Des études sont toujours en cours pour en apporter une compréhension plus complète.

Références

1. National Institute of Health. (n.d.). IHMP. https://hmpdacc.org/ihmp/overview/

2. PiLeJe Laboratoire. (n.d.). PLJ. https://www.pileje.fr/revue-sante/liens-intestin-cerveau

3. Barett J.S., « Extending Our Knowledge of Fermentable, Short-Chain Carbohydrates for Managing Gastrointestinal Symptoms », Nutrition in Clinical Practice, 2013, Vol. 28 (3), p. 300–306.

4. V. Osadchiy, C. R. Martin, and E. A. Mayer, “The gut–brain axis and the microbiome: mechanisms and clinical implications,” Clinical Gastroenterology and Hepatology, vol. 17, no. 2, pp. 322–332, 2019.

5. Doctissimo. (n.d.). https://www.doctissimo.fr/html/nutrition/dossiers/edulcorant/niv2/trouver-edulcorants.htm

6. G. De Palma, S. Collins, P. Bercik. The microbiota-gut-brain axis in functional gastrointestinal disorders. Gut Microbes. 2014 May-Jun

7. Fukui H, Xu X, Miwa H. Role of Gut Microbiota-Gut Hormone Axis in the Pathophysiology of Functional Gastrointestinal Disorders. J Neurogastroenterol Motil. 2018 Jul 30

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